Renforcer la collaboration régionale pour une gestion durable du bassin du Lac Tchad

25 février 2020

Enfants au bord du Lac Tchad : Photo par Aurélia Rusek / PNUD

Le lac Tchad est le quatrième plus grand lac africain. Situés dans la région du Sahel oriental, à la lisière australe du désert du Sahara, le lac et son bassin constituent une vaste ressource d’eau douce commune au Cameroun, à la République centrafricaine, au Tchad, au Niger, au Nigeria et à la Libye.

Le lac Tchad est source de vie et de moyens de subsistance pour les 47 millions de personnes vivant dans son bassin, assurant l’approvisionnement en eau, le soutien au cycle nutritif de la terre et la régulation de l’environnement par le piégeage du carbone et la purification de l’air. Il constitue également le fondement culturel des mœurs, des traditions et de la spiritualité des communautés qui y vivent.

Les activités économiques de la région, particulièrement l’agriculture, la chasse, la pêche et l’élevage, dépendent largement de la productivité du bassin. Il contribue ainsi de façon significative à la sécurité alimentaire de la région qui s’étend approximativement sur un rayon de 300 km.

Séchoirs à poisson au Lac Tchad : Photo par PNUD Tchad

 

Un environnement vulnérable

Le secteur de la pêche, produisant en moyenne 50.000 tonnes par an, participe fortement au PIB des pays riverains, tout en étant une source vitale de protéine pour la population locale. Toutefois, l’exploitation intensive des ressources halieutiques menace sa viabilité.

La terre bordant le lac sert aussi de zone de pâturage essentielle pour le bétail, les plaines inondables étant une destination de transhumance massive. Les ressources environnementales apparaissent donc primordiales pour la survie des populations du lac Tchad.

Sous l’influence croissante des pressions environnementales et du changement climatique, l’étendue du lac a rétréci de 25.000 à 2.500 km² (plus de 90%) depuis les années 1960. Cette baisse a un impact marqué sur la quantité et la qualité des eaux et la régénération des écosystèmes connexes. La pérennité des activités économiques et la sécurité alimentaire dans le bassin sont par conséquent précarisées, mettant en péril les conditions de vie de millions d’habitants. Depuis 2010, l’insurrection de la secte Boko Haram a fragilisé encore davantage l’environnement socioéconomique de la région et les capacités d’intervention des acteurs pour le développement.

Éleveur au Lac Tchad : Photo par Aurélia Rusek / PNUD

 

La Commission du Bassin du Lac Tchad

Les pays riverains du bassin du Lac Tchad ont créé la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) en mai 1964, avec la signature de la Convention de Fort Lamy (actuellement N'Djaména) par le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad. La CBLT a pour rôle de veiller à l’utilisation optimale des eaux du bassin, de coordonner le développement régional et d’aider à résoudre les litiges éventuels entre les États membres et au sein des pays.

Au cours de la période 1990–2012, la CBLT a entrepris, avec l’appui des bailleurs externes, un processus de réforme destiné à réaligner les politiques nationales des États membres sur la politique régionale. La phase initiale de ce processus a permis aux pays riverains de définir la Vision Lac Tchad 2025, d’élaborer le Programme d'action stratégique du bassin du Lac Tchad et d’adopter la Charte de l’eau du bassin du Lac Tchad.

Le projet d’appui à l’amélioration de la gestion du lac Tchad est cofinancé par le PNUD et le Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), et mis en œuvre conjointement par le PNUD et la CBLT. Il vise à renforcer les capacités de la CBLT et de ses 5 États membres (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad et Centrafrique) à parvenir à une gestion écosystémique, intégrée et résiliente du bassin du Lac Tchad. Cet appui régional créera un environnement favorable pour la mise en œuvre du Programme d’Action stratégique du lac Tchad et soutiendra l’implication populaire pour résoudre les problématiques identifiées dans la région.

Les activités prévoient d’améliorer la disponibilité et l’accessibilité des données et des informations sur les ressources en eau et les écosystèmes, de faciliter des activités communautaires de démonstration, et de conduire des études de préfaisabilité des investissements prioritaires destinés à induire la réduction du stress sur le bassin du Lac Tchad. Des synergies d’actions seront développées avec d’autres intervenants, notamment en contribuant à la mise en Å“uvre l’axe stratégique 8 de la Stratégie régionale de la stabilisation du bassin du lac Tchad.Â